Aujourd’hui nous accueillons Maxime qui travaille pour l’agence Surrogate First. Maxime, peux-tu te présenter ?
Bonjour ! Donc, je m’appelle Maxime. Cela fait cinq ans que je suis dans le monde de la Gestation pour autrui. J’étais avec une agence en Floride pendant trois ans. J’ai décidé d’arrêter avec eux parce que nous n’étions pas sur les mêmes valeurs. Puis j’ai trouvé Surrogate First que j’assiste pour accueillir les parents d’intention européens. Je suis donc coordinateur de parents d’intention depuis 5 ans. J’ai eu beaucoup de hauts et de bas à travers de nombreux parcours. Je suis là pour tous les parents qui ont besoin d’information.
La culture est parfois différente aux Etats-Unis. Quel est le plus qu’apporte un coordinateur de parents d’informations francophones.
Il y a très peu d’informations en France, avoir un coordinateur français, ça permet d’échanger naturellement, dans ta langue maternelle à propos d’un sujet encore peu connu. Le coordinateur est là pour faire comprendre les différentes étapes de la GPA mais aussi les différences culturelles. C’est très important. Je suis ici depuis 10 ans, j’ai eu mes enfants, je vis aux Etats-Unis, mais j’ai grandi en France. Mais je comprends cette différence culturelle.
Par exemple, il y a un côté religieux aux Etats-Unis. C’est bien connu, qui est vraiment différent de la France. Ça va jouer par rapport au profil culturel de la mère porteuse, par exemple pour s’accorder sur les IMG. A ce sujet, il faut être sûr d’être sur la même longueur d’onde. Parce que c’est votre enfant, dès le début mais c’est son corps, c’est sa grossesse. On ne peut pas la forcer d’agir sur son corps. Donc aux Etats-Unis, il y a beaucoup plus de femmes qui vont être pro-life, donc avec une volonté de ne pas interférer dans la grossesse. Tous les parents français qui viennent ici ont un côté pro-choice. Ils veulent pouvoir prendre une décision, s’il y a un problème. Beaucoup de différences culturelles vont avoir des conséquences du point de vue des décisions à prendre au niveau médical.
Pour plus d'informations sur le sujet, nous vous recommandons la lecture de notre article Pro-life ? Pro-choice ?
Alors, est-ce qu’il y a une liste des choses à faire ou ne pas faire ?
Ne pas se précipiter, être sûr d’avoir toutes les informations. Trouver quelqu’un avec qui vraiment être en confiance. Pouvoir poser des questions, sur de trouver une agence disponible, là pour indiquer les différentes étapes. De parler au plus de gens possibles. Il y a des groupes en France, c’est aussi pour cela que l’initiative GPA USA est développée. Donner les informations nécessaires aux parents pour faire les meilleurs choix aux Etats-Unis. Choisir les bons acteurs pour être en confiance dans le futur.
Donc, tu as parlé de confiance et de mise en confiance. Et de choisir les acteurs.
Deux questions me viennent à l’esprit
- Comment se construit cette confiance ?
- Qu’est-ce qui diffère dans les pratiques des agences.
Ce qui est important dans la confiance, c’est la disponibilité de l’agence. Il faut que l’agence soit le plus transparente possible. En tant que coordinateur de parents d’intention français, je pense avoir de bons retours car je suis honnête. Je dis aussi les choses qui ne sont pas super à entendre. C’est important de vraiment faire comprendre aux gens toutes les différentes étapes, les risques auxquels les parents d’intention doivent faire face, financiers, médicaux, sociaux… il y a plein d’éléments sur lesquels il est nécessaire que quelqu’un explique honnêtement ces étapes.
Pour la disponibilité, quand les parents m’envoient un message, dans la journée, ils vont avoir une réponse. Ils ne vont pas devoir attendre, trois, quatre, cinq ou dix jours pour avoir une réponse. Ce qui se passe parfois dans d’autres agences.
Donc, en reprenant, il y a différents acteurs pour une GPA, il y a le risque à appréhender pour les parents d’intention. IL y a la clinique de fertilité, les avocats, l’agences, comment en amont, au moment du choix de l’agence, on peut comparer les différentes pratiques entre les agences, pour mieux appréhender le risque.
La GPA aux Etats-Unis est standard.
La GPA peut être indépendante, ou accompagnée par une agence. Lorsqu’elle s’effectue avec une agence, il va y avoir des points importants pour différencier les agences :
- Le temps d’attente pour trouver des mères porteuses. Ce paramètre indique aussi s’ils ont du mal à trouver des mères porteuses, et si cette dernière rentre dans les critères. Si les délais sont longs, peut être que certaines agences seront plus promptes à ignorer certains critères de qualification des mères porteuses pour identifier la candidate. Être donc sur qu’il y a un temps d’attente raisonnable.
- Également, ce qui est important, c’est qu’il n’y ait pas de frais d’agences avant d’avoir trouvé la mère porteuse. Si les frais d’agences sont versés avant, les parents d’intention sont bloqués, pour parfois longtemps (6, 9, 1 ans)
Pour en savoir plus sur le processus de sélection des femmes porteuses, retrouvez le témoignage de Myriam "comment est-ce que je sélectionne les candidatures des femmes porteuses"
En complément, en tant que parent d’intention, du souvenir de mon premier parcours de GPA, il y a un espoir. On se dit qu’on part à la rencontre d’une femme porteuse et j’imagine que cet espoir il est aussi dur à tenir sur la longueur. Quand le délai de deux mois devient de trois mois, et que le délai de trois mois devient de cinq mois. C’est compliqué pour les parents d’intention à gérer !
Quel est ton avis sur les délais ?
C’est un point important à comprendre, le risque vient avec des déceptions. Le risque qu’après avoir choisi une mère porteuse, elle ne soit pas apte médicalement à devenir mère porteuse. Donc déception, car c’était avec elle que l’on souhaitait se lancer dans l’aventure. Il y avait une relation naturelle. C’était « notre mère porteuse idéale ».
On est là également pour essayer de faire comprendre que les déceptions font partie d’un parcours et que nous en tant que coordinateurs, nous sommes là pour trouver une solution à ce problème.
C’est donc aussi une autre différence entre les agences : l’accompagnement tout au long du projet.
Un rôle de coach, en somme ?
Un rôle de coach, de guide. S’il y a un problème, on ne va pas passer par ce chemin mais un autre chemin. C’est le but de chaque parcours.
Pour la métaphore du chemin et de la boue, tu disais tout à l’heure on est dans la boue pour aider les parents d’intention.
Des anecdotes où tu as vraiment été dans la boue ?
Une chose à comprendre. Il y a des GPA qui n’aboutissent pas. Ça arrive très rarement.
Il y a un côté financier qui fait que des parents peuvent ou pas continuer l’aventure. Mais ça arrive très rarement.
Les moments où j’étais dans la « boue » c’était des parents qui ont été matchés avec une mère porteuse qui a été « disqualifiée » médicalement après, parfois plusieurs fois d’affilée. Il y a des moments où tu te sens bloqué, où tu sens que ça n’avance pas. Il faut regarder au loin, le but, l’enfant. Les parents d’intention, l’agence, les avocats et la clinique, on est tous là pour ce bébé. On est dans la même équipe.
Alors, des anecdotes, oui j’en ai… une mère porteuse « disqualifiée » ou des situations où à la signature du contrat, quand tout le monde semble d’accord, un point non évoqué avant fait bloquer l’accord.
Mais, c’est rare, les problèmes pendant la GPA relèvent surtout de l’ordre du médical.
En tant que parent d’intention, il y avait l’image de la GPA avant, rêvée, celle qu’on aimerait avoir. Puis en chemin, il y a les hauts et les bas. Et à la fin, le bébé arrive. Une nouvelle vie qui commence, parce que les enfants, c’est beaucoup de travail. Lorsqu’on regarde ce parcours réalisé, on se rend compte qu’il est très différent du parcours imaginé au départ.
Il y a la GPA telle qu’on la souhaite quand on ne la connait pas beaucoup, et la GPA réelle.
Je pense que c’est justement un point important dans ma relation avec les parents d’intention, car je suis honnête. Dès le début, je leur fais comprendre tous ces risques. Si l’image qu’on présente de la GPA est toute belle toute rose, il y a ce différentiel. Mais si les parents d’intention parlent à quelqu’un qui explique que oui, il y a des risques, que ce n’est pas tout beau tout rose, que c’est cher, que ça peut être long et difficile, mais que l’agence est là pour minimiser tous ces risques. C’est vraiment une sorte « d’éducation », en France comme aux Etats-Unis, c’est très complexe.
Merci Maxime pour ce témoignage et tes réponses à nos questions. Pour les auditeurs et les lectures, vous pouvez envoyer vos questions à l’adresse info@gpausa.org afin d’organiser une deuxième session de questions avec Maxime.
Ne manquez surtout pas tous nos webinaires sur la GPA aux USA!