Amaury, contributeur pour l’initiative GPA USA partage ses réflexions et un regard dans le rétroviseur sur son premier parcours de gestation pour autrui.

De nombreuses questions

Quand on est gays, se dire qu’on souhaite devenir parents peut être une évidence. Comme le résultat d’une longue réflexion, d’un long parcours. J’étais dans le premier cas. Et mon conjoint dans le deuxième. Quoiqu’il en soit, l’alternative de la GPA pose toujours question. S’agit-il alors d’un parcours éthique, ou la volonté de chaque partie intéressée est respectée ? Le choix que font les femmes porteuses américaines est-il éclairé, et est-ce une décision prise en connaissance de cause ?  S’agit-il d’un parcours balisé ? Quelles sont les chances de succès ? Quels sont les coûts associés à une GPA? Et comment financer ce parcours ? Une myriade de questions venait alors à l’esprit.

De longs devoirs

La première étape est souvent de se renseigner longuement, auprès des professionnels américains autant que de ses pairs, comme les autres familles homoparentales déjà constituées. Leur exemple a d’ailleurs été fondateur dans notre cas ! Il y a quelques années à Taipei, il n’y avait pas tant de familles homoparentales ayant eu recours à la GPA aux Etats-Unis. La médiatisation de la GPA en France, crée une pression supplémentaire en tant que parents d’intention quant à l’éthique du parcours. Nous souhaitions donc revenir en France en assumant pleinement cette option de GPA éthique pour faire famille, une option dont nous pouvions être fiers. Mais cette même médiatisation permet également de banaliser le sujet. Nous n’étions pas les premiers. Dès que l’on creusait un peu dans notre entourage, des cas de FIV, de PMA et de GPA apparaissaient.

Des rencontres indispensables

Une fois notre compte en banque solvable, nous nous sommes lancés. A l’époque anté-COVID-ienne, nous avons pu nous rendre facilement aux Etats-Unis pour le don de sperme. Nous en avons donc profité pour rencontrer beaucoup de professionnels. Des cliniques, des agences, des avocats, etc… Nous en sommes repartis avec la conviction que la dimension relationnelle avec tous ces acteurs était primordiale. Il nous fallait choisir une équipe qui puisse fonctionner ensemble. Certains acteurs sont gros, d’autres fonctionnent d’une manière plus familiale. La plupart ont bonne réputation. Ce qui faisait la différence c’est la manière dont ils travaillaient et si cette manière nous plaisait. Nous nous sommes lancés au feeling.

Une charge émotionnelle à gérer pas à pas

La timeline proposée sur les brochures est indicative. Elle ne prend pas en compte l’empressement de votre désir à devenir parents. Ni les imprévus qui peuvent se produirent en cours. Une fois le match confirmé, notre premier parcours de GPA s’est déroulé d’une manière très fluide. Cependant, nous avions conduit plusieurs entretiens. Nous n’avions pas ressenti de match pour certains. Pour d’autres, nous étions partants mais l’examen médical a posteriori n’a pas été concluant. Ce sont des moments intenses émotionnellement parlant, car l’attente que nous portons en tant que parents d’intention est totale.

C’est pour nombre d’entre nous un parcours unique, qui ne se produira qu’une fois dans une vie. On ne dispose d’aucune expérience pour appréhender le parcours. C’est une charge émotionnelle qu’il faut apprendre à gérer au fur et à mesure.

La petite colline GPA

Après ce long chemin, l’accouchement se profilait. Dès notre enfant né et confirmé en bonne santé par ses premiers pleurs, un sentiment de joie intense et de soulagement nous a emporté. Pourtant quelques secondes plus tard, nous nous sommes rendus compte que c’est quand ce parcours s’achève que tout commence réellement. Nous avons désormais comme désir le plus cher celui d’élever notre enfant du mieux possible, de lui apporter le maximum de chances dans sa vie… Et cette montagne qui se profile se révèle bien plus haute et bien plus escarpée que la petite colline GPA que nous avions franchie.