L’infertilité à laquelle Bénédicte et Jonathan ont été confronté n’a pas trouvé de solution dans le système médical français. Mais la possibilité d’effectuer une gestation pour autrui aux États-Unis a constitué pour ce couple une lumière au fond du tunnel.

Ce qui nous a amené à la GPA

A 29 ans, j’ai été diagnostiquée avec un cancer du col de l’utérus nécessitant l’ablation de mon utérus et de mes ovaires. A l’époque, nous étions ensemble avec mon mari depuis trois ans et nous n’avions pas encore fondé notre famille. 

Deux jours après le diagnostic, on s’était déjà renseignés sur la GPA. Quand la maladie nous est tombée sur la tête et qu’on a su que je n’allais pas pouvoir enfanter. C’est la première chose qui nous est venu à l’esprit. Inconsciemment, on savait que c’était là et que ça existait. On savait bien sûr que ce n’était pas légal en France. On avait peut-être entendu parler de l’histoire des Mennesson, ou un reportage sur des sujets de société où chacun peut se faire son opinion. Je me suis dit alors : « il y a forcément une association ». J’ai ensuite tapé « association mère porteuse » sur internet. Puis, je suis tombée sur CLARA.  

L’adoption ce n’était pas pour nous. Jonathan l’aurait peut-être fait pour qu’on soit égaux. Mais pour moi, ce n’était pas logique que lui ne puisse pas transmettre ses gênes alors que ce n’était pas lui, la personne avec un problème d’infertilité. Je ne voulais pas alors le priver de ça. 

Tout de suite, nous avons demandé une conservation d’ovocyte au CHU de Dijon, ce qu’on a pu faire. Le fait d’avoir vitrifié les ovocytes, ça me donnait de l’espoir de pouvoir créer ma famille. Après, Il a fallu rapidement me soigner : radiothérapie, chimiothérapie… On a aussi rapidement appris qu’il était impossible de faire transférer les ovocytes à l’étranger puisque le transfert de tissus germinatifs n’est pas possible en France.  

On a donc cherché d’autres solutions, et on s’est tournés vers la greffe d’utérus. Dont la pratique en France était encore à l’état expérimental. Après de longs mois d’attente, nous avons appris que je ne serai pas prioritaire pour cette greffe, la radiothérapie ayant abimé mes tissus internes. Une autre personne serait donc greffée, mais pas moi. Notre espoir alors envolé, le monde s’écroulait à nouveau autour de nous.

Suite à une consultation avec un spécialiste en France, on a aussi appris que le taux de succès d’une fécondation in vitro et une GPA avec mes ovocytes était de 10%. Troisième coup de massue. Après cinq ans, cette maladie et malgré toutes les difficultés, La solution d’une GPA à l’étranger avec un don d’ovocyte devenait progressivement la plus probable. Ce don d’ovocyte a été la décision la plus dure à prendre. Aujourd’hui, je réalise pourtant combien les gènes sont secondaires face à l’amour que j’éprouve pour ma fille.

Le choix de la donneuse d’ovocyte 

Je cherchais surtout quelqu’un qui me ressemblait. Nous avions accès à cette base de données avec de nombreux profils. Jonathan, mon mari, m’avait demandé de choisir. Je me suis connectée, j’ai fait défiler les profils sur l’écran et puis j’ai rapidement refermé la page. A ce moment-là, je ne pouvais pas. C’était au dessus de mes forces.

Alors, on a regardé de nouveau tous les deux. Mais comme la base de donneuses se réactualise chaque semaine, on est tombés tous les deux d’accord sur une même jeune femme. Il y en avait peut-être de plus mignonnes….Mais il y avait quelque chose en plus dans son profil, dans son texte de présentation, qui m’a touché.

On sait qu’on pourra retrouver la donneuse d’ovocyte. Je pense que les gens changent d’avis, quand ils deviennent eux-mêmes parents. Après notre parcours de GPA, mon mari est allé faire un don de sperme au CHU.  

La rencontre avec la mère porteuse  

L’agence a présenté Melinda la première fois que nous sommes venus aux États-Unis. Elle avait 42 ans. Elle ne concevait pas la vie sans enfant. Manager dans le secteur de la santé, elle travaillait sur un projet de clinique réservée uniquement à la femme, du traitement de la ride au cancer du sein.

Elle faisait aussi partie d’une association qui s’occupait des femmes victimes de trafic humain. Elle est venue avec ses deux filles et son mari. Tous soutenaient son choix. Melinda, c’est une femme intelligente, qui a des engagements, tout le contraire de ce que certains pensent de la GPA en France, ce n’était pas une « gamine ».

Ça a tellement été une rencontre la première fois. J’avais besoin d’un contact physique, de la serrer dans mes bras, de pouvoir parler à celle qui allait porter notre enfant. La rencontrer sur place a été quelque chose de formidable et d’essentiel.  

Une fois l’embryon implanté, s’ouvre alors une période d’attente, pour savoir si nous allions avoir un ou deux enfants, un garçon, une fille ou les deux. Ce dont j’ai eu peur pendant toute la grossesse, c’est que ça n’aille pas à terme. A cinq mois, nous sommes allés lui rendre visite une semaine là-bas. Nous sommes arrivés longtemps avant la naissance : 15 jours avant. J’avais aussi peur que l’accouchement se passe avant que j’arrive. C’était ma phobie. Une césarienne avait alors été programmée. Mélinda avait demandé que son mari puisse être présent dans le bloc opératoire. Même le personnel de la clinique a été adorable. Ils nous ont autorisé à être présents. On a pu assister à ce moment unique, où le médecin a pris le bébé. J’ai coupé le bout de cordon qui restait. Puis, j’ai pris le bébé, et je l’ai emmené tout de suite à Mélinda.   

Procédures en France 

En revenant en France, bien sûr, il y a des démarches administratives. Nous sommes partis des États-Unis, notre birth certificate en poche. Avec la notion que je suis la mère et que Jonathan est le père, et qui ne fait en aucun cas mention de GPA et de Melinda, notre mère porteuse. À l’époque, le service central d’Etat civil de Nantes soupçonnait les GPA et faisait barrage à la retranscription des actes de naissance dans leur intégralité dans l’état-civil français. On ne pouvait pas avoir le livret de famille, et l’acte de naissance retranscrit en français avec mon nom et celui de Jonathan. Bien-sûr, l’acte de naissance étranger n’empêchait en rien la vie de notre enfant en France, on a pu avoir son numéro de sécurité sociale et la scolariser.

En revanche, si Jonathan était venu à décéder, je n’aurais pu en rien justifier à l’état français que j’étais la mère de ma fille, à part l’acte non retranscris ce qui aurait pu me poser d’énormes problèmes. On attendait que la loi évolue en notre faveur. Entre temps, il y a eu cette circulaire du ministère des affaires étrangères dont on n’a entendu parler par l’intermédiaire de notre association. Une fenêtre s’ouvrait alors. Nous avons envoyé notre dossier et la retranscription est revenue très rapidement.  

Les soutiens tout au long d’une GPA 

Notre agence nous a vraiment beaucoup aide tout au long de ce parcours. Ils ont fait un travail exceptionnel. Grace à eux, nous avons pu trouver une donneuse d’ovocyte, notre formidable mère porteuse, notre clinique, et notre avocat pour toutes les procédures administratives. Sans eux, rien n’aurait été possible. Donc, mon conseil, c’est de trouver une agence avec laquelle vous vous sentiez bien, en confiance. C’est primordial ! Quand on a rencontré Maxime, notre coordinateur, il y a eu un feeling de dingue !

Tous nos interlocuteurs, ont été supers avec nous. Aux États-Unis, nous avons eu le sentiment d’être compris, qu’il y avait des solutions pour nous, alors qu’en France, personne n’a pu nous aider. A la clinique on a été super bien traités, ils étaient aux petits soins pour nous. Jamais nous n’avions été autant écoutés et accompagnés dans une clinique française.

Nos proches nous ont soutenus de A à Z. Nous sommes ambulanciers. On habite dans un petit village, donc on connait tout le monde et on côtoie toutes les générations. Quand ils ont su que je ne pourrais pas avoir d’enfants, ça a été terrible pour eux. Ils ne trouvaient pas ça normal que la GPA ne puisse pas se faire en France. Quand on est revenus des USA, ils étaient tous heureux pour nous. Dès que les gens connaissent une personne, s’ils l’apprécient ils se forgent une opinion favorable du parcours de GPA.

L’association.  N’hésitez pas à contacter des couples français qui ont réalisé une GPA avant vous. Avec CLARA, une association française de soutien aux parents infertiles, nous avons pu nous renseigner, d’un point de vue juridique, légal, scientifiques mais surtout écouter, être mis-en-relation et rencontrer d’autres parents, des gens comme nous, qui ont (eu) à faire face à cette même problématique.