PMA-GPA : les enfants ont la parole (LCP)

Après l’adoption de la loi Bioéthique, la GPA et la PMA ne font pas toujours l’unanimité et suscitent encore des débats dans l’hexagone. Au moment où une nouvelle histoire de la parentalité tente de trouver sa place dans notre société, on ne retrouve pas forcément le point de vue des enfants directement concernés.  
Quel est donc le parcours de vie d’un enfant issu de GPA ou de PMA ? Comment vivre face aux jugements des autres ?  
 

PMA-GPA : les enfants ont la parole

En France, 1 enfant sur 30 est nait par un moyen de procréation médicalement assistée, 30 000 enfants vivent dans des familles homoparentales, et 14% des foyers de même sexe ont un enfant.

C’est un parti-pris audacieux que ce documentaire sur les enfants nés par GPA et PMA, en France. Et ce pour 2 raisons : 

  • Car la GPA est (encore) interdite en France 
  • Car la parole est donnée (seulement) aux enfants nés par GPA ou PMA 

Ces paroles sont donc rares. Ce qui en fait un documentaire précieux. Les enfants interrogés (par des adultes, hors champs et hors caméra) ont entre 8 et 20 ans et répondent, sans détour, avec toute la spontanéité et l’innocence de leur âge, de manière désarmante. 

Une différence de “ conception” et de perception 

Alors que la différence de “ conception” d’un enfant fait débat en France, la gpa et la PMA étant régulièrement au cœur des débats de la classe politique et médiatique, le documentaire nous emmène davantage vers des questions, des questionnements, plutôt que vers des problèmes. Et c’est le premier enseignement du documentaire, la place de l’”autre” parcours le reportage de bout en bout. L’autre c’est le père ou la mère biologique, qui sont absents, mais également, l’autre soi, l’alter égo qui interroge : où est ton papa ? Où es ta maman ? Qu’est-ce que ça fait d’être né par GPA ? Là où les autres, enfants comme adultes, n’ont que des questions, les enfants nés par GPA n’ont que des réponses. FIV, GPA, PMA, mère porteuse, donneur, ils connaissent et vous expliquent. Rien n’est tabou, tout est clair dans leur petite tête. Ils nous expliquent, et on comprend. 

Un truc en plus ?  

Et c’est le deuxième enseignement de ces témoignages. Ces enfants connaissent et comprennent parfaitement le parcours dont ils sont issus : PMA, gpa, mère porteuse, donneur, ce sont des termes qu’ils utilisent sans tabous dans leurs réponses et leurs discussions. Ils savent d’où ils viennent et pourquoi (infertilité, homosexualité.) et cela leur semble normal, à eux.  

Parfois moins à ceux qu’ils croisent et qui les interrogent sur leurs origines. Mais voilà pour ces enfants, c’est clair et normal. D’ailleurs ils ont parfois du mal à comprendre les questions de leurs petits camarades “ comment t’es né ?”  Difficile de comprendre et de répondre à ce type de questions, qu’on soit né par GPA ou pas… En fait on (leur) parle plus d’eux, ils intéressent, intéressent celui ou ceux qui interrogent. Parfois, ils considèrent leur particularité comme un plus. 

Des questions et leurs réponses 

Mais pour ces enfants nés par GPA à l’étranger, rien n’est vraiment bizarre ou anormal, ils n’ont connu que leur situation familiale – 2 papas, 2 mamans, 1 papa, 1 maman- et ont été entourés d’amour, encore plus que les autres peut-être car comme ils le disent, ils ont l’impression d’avoir “été plus désirés” que les autres enfants. Parfois les questionnements des autres les lassent, surtout avec l’âge, le temps qui passe, les questions qui se répètent. C’est en grandissant qu’eux vont peut-être aussi à cause de cela, se poser des questions, redouter le regard des autres. 

Mais lorsqu’ils parlent de leur famille, de leur naissance, du projet de leurs parents, c’est le “on” qui revient systématiquement, ils se sentent inclus d’emblée dans la démarche, parfois solitaire et ancienne de leurs parents. 

Une nouvelle histoire de la parentalité, tout simplement ?  

Alors parfois, c’est troublant… pour celui comme moi qui regarde et écoute… Ils sont trois, les 2 papas et la mère porteuse, ou bien les deux mamans et le donneur… Mais pour eux, le rôle de chacun dans leur histoire est clair, bien défini et il est bien intégré par l’enfant. Et cela se ressent tellement à travers leurs discours, qu’on finit par s’identifier à eux et à retrouver presque banalement des faits de vie qui touchent désormais de nombreuses familles : parents divorcés, mères célibataires, familles recomposées en cours de route… Mais pour ces enfants nés par GPA, tout est clair depuis le début, rien ne leur est caché et ils se sont construits comme cela, et ils l’expliquent bien, cela se ressent également à travers le récit d’anecdotes et le parcours de vie de certains. 

Le tabou est plutôt du côté de ceux qui ignorent et posent des questions. Ceux qui ne savent pas qu’on peut avoir une deuxième mère, qu’une femme peut aider “à faire naître “. Evolution des mœurs ? Plusieurs enfants nés par GPA rapportent également faire des envieux parmi leurs petits camarades, ceux qui aimeraient aussi avoir 2 mamans, ou ceux qui n’aiment pas trop leurs papas… 

Ces enfants nés par GPA

Pour ces enfants nés par GPA, ils ne se sentent pas différents eux, ils se sentent comme les autres, ils partagent les mêmes préoccupations que les enfants de leur âge, les mêmes jeux, les mêmes défis, y compris au sein de leur famille.

D’ailleurs, et cela peut sembler ironique, ce sont aussi les enfants nés par GPA qui interrogent leurs camarades sur leurs histoires, leurs naissances, et on comprend à ce moment-là que si on se met à leur place, c’est l’enfant qui n’est pas né par GPA qui est une interrogation. Dans les deux sens, de manière identique, le questionnement est là, de la même valeur et avec la même curiosité et portée, qui est l’étranger de l’autre ? Qui est le normal de l’autre ?

Ces enfants nous démontrent que cela dépend à la fois du point de vue dont on se place – pour eux tout est respectivement normal chez eux- et aussi en fonction du niveau de connaissance que l’enfant a de son histoire et de son modèle familial. Et on voit bien que l’enfant né par GPA n’est pas en reste. 

La famille 

Les quelques adultes qui sont présents comme témoins dans le reportage, sont des référents pour les enfants nés par PMA ou gpa. On trouve régulièrement un référent “ homme”, qui peut-être le grand-père, le copain des mamans, le donneur… Mais aussi, le parrain et la marraine qui retrouvent une place centrale comme c’est le cas dans la conception religieuse.

Les liens semblent plus forts, plus singuliers, ce truc un peu unique qui revient tout au long du reportage. Un truc auquel on n’a pas accès quand on n’est pas directement concerné, comme un secret jalousement gardé, ce truc en plus… C’est l’affaire de tous une naissance par GPA, on le sent bien, la place et l’histoire, le récit de la naissance et des acteurs sont bien plus présents que dans la plupart des familles. Les enfants connaissent et nous racontent cette histoire qui est la leur aussi, sans détours ni tabous, ils se la sont appropriée et ils sont (devenus) pleinement acteurs de leur histoire de vie et de naissance. D’ailleurs, certains enfants évoquent la possibilité de devenir à leur tour donneur de sperme, mère porteuse… C’est naturel pour eux. 

La connaissance de leur histoire

En somme, les concepts qui semblent émerger du discours de ces enfants nés par GPA reposent sur la connaissance de leur histoire (“mieux vaut le dire avant que cela ne soit pas découvert par hasard”), la compréhension de leur modèle familial, et l’appréhension que les normalités chez les autres n’existent pas, tellement ils font face à des modèles et problématiques familiales diverses dans leur entourage le plus large. 

Certains enfants ressentent même une fierté à avoir des parents différents, des parents homos. Mais ils trouvent déjà absurdes de devoir se battre pour la reconnaissance de leur droit et ceux de leurs parents – filiation, adoption en France). Et c’est d’autant plus difficile pour eux qui ne perçoivent leur place, leur rôle et leur relation avec leurs parents, qu’à travers l’amour qu’ils partagent et qu’aucune réglementation ou loi ne peut changer. Pour eux tout est naturel dans ce qu’ils vivent, il y a une logique à tout cela, des parents, un parent qui avait un fort désir d’enfant, un désir tellement fort qu’il les a poussés à traverser les frontières, les pays, les épreuves et parfois les lois… 

Enfin, ce qui est frappant dans ces témoignages d’enfants, c’est que ce sont banalement des enfants, qu’on s’identifie rapidement à eux, ils ont des interrogations comme tous les enfants, ils ne sont pas seuls, ni particuliers, ni différents, ils ressemblent à tous les enfants, impossible de les reconnaître, et surtout : ils aiment. Et voilà ! 

Revoir le programme ici : PMA-GPA : les enfants ont la parole (LCP) Pour en débattre Jean-Pierre Gratien reçoit la pédopsychiatre Myriam Szejer et la journaliste Marie Labory. 

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