Mercredi 9 février 2022, la chaine de télévision France 2 lançait en prime time une soirée spéciale sur la gestation pour autrui avec la diffusion du téléfilm : « qu’est-ce qu’elle a ma famille ? ». Inspiré du livre éponyme de Marc-Olivier Fogiel, suivi d’un débat et d’un documentaire sur la gestation pour autrui.
Le parcours de deux GPA au Canada
Ce téléfim est un kaléidoscope d’émotions. Il retrace le parcours de GPA de deux couples français. Céline et Mathieu, puis Darius et Julien au Canada. Le télespectateur suit les hauts et les bas, les petits bonheurs et les péripéties de leur combat vers la parentalité. C’est une histoire très bien racontée et très émouvante. Bien sûr, notre avis est partial : c’est la perception d’un parent d’intention qui a vécu ce même projet de gestation pour autrui, donc qui est intimement lié au sujet.
Le thème de la GPA mis-à-part, nombreux pourront saluer l’interprétation boulversante de Sofia Essaïdi dans le rôle de Céline. Les rôles secondaires sont également de grande qualité. Guilaine Londez dans le rôle de la mère de Céline est magistrale. Bruno Sanchez, connu pour son duo humouristique « Catherine et Liliane » est méconnaissable dans le rôle du frère de Céline.
La GPA nécessite du temps
Ce qui m’a le plus touché dans « Qu’est-ce qu’elle a ma famille ? » ?
C’est le temps qui passe. Hélène Angel, la réalisatrice du téléfim, souligne avec brio le rythme d’un parcours de gestation pour autrui. L’aventure avance parfois au ralenti, parfois de manière accélérée, et elle prend du temps. Marqué par un thème musical poignant, les feuillets du calendrier de Céline et Mathieu, Darius et Julien défilent sous nos yeux : 16 septembre, Un Noël en famille que l’on peur résumer sans spoiler à la formule « et ils en ont parlé », 2 avril, 8 octobre, 21 mai…
Le temps passe vite, et le projet de parentalité se concrétise lentement.
Ce magistral fil conducteur montre bien à quel point un parcours de GPA est une aventure astreignante dans la longueur. Avec des hauts et des bas.
99 minutes. C’est à la fois court et long. Cela permet de condenser peut-être plus de de péripéties que la moyenne des parcours de GPA en Amérique du Nord et d’offrir une image très complète au téléspecateur néophyte, ou sans connaissance du sujet sur la GPA. Heureusement, ces événements comme l’échec d’implantation parfois durs à gérer pour les parents d’intention sont répartis entre les deux couples. Un parcours de GPA me semblait une expérience extraordinaire, apparament il en fallait plus pour le transformer en fiction.
Les dialogues entre mères porteuses et parents d’intention
Ce téléfilm sur la gestation pour autrui donne à réfléchir. Et c’est peut-être là son aspect le plus réussi. Les réflexions profondes des personnages sur ce que c’est c’est qu’être parent, sur le désir d’enfant s’intercalent à haute-voix dans le flot de ces parcours. Sans prévenir, sans filtre, sans langue de bois. ils dévoilent ces doutes que les parents d’intention peuvent avoir et cherchent parfois par pudeur à ne pas exposer en public.
« Mais c’est moi, voilà, je ne sais pas si je ferais un bon père. Vous savez, vous ? Vous savez ? »
C’est avec ces mots désarmants que Julien craque en milieu professionnel.
Par ailleurs, la scène du déjeuner de Noël est un magistralement réussie. Elle fait rentrer la gestation pour autrui dans une anthologie des sujets que les Français cherchent à éviter ou sont capables de s’écharper en famille.
Combien coûte une GPA ? L’angle mort du téléfilm
Les personnages d’Emma et de Kelly sont des mères porteuses canadiennes francophones qui habitent dans la province de l’Ontario apportent un vrai plus à la fiction. Sans angélisme non plus, elles font part de leurs doutes et de leurs convictions avec force.
Un détail m’est alors revenu. Le couple français qui témoigne dans le livre de Marc-Olivier Fogiel et qui a inspiré le scénario n’est pas allé au Canada pour sa GPA mais aux Etats-Unis.
Les besoins du scénario prévalent probablement. En langue originale et sans sous-titre, plus d’émotions, agrémentées de comiques « tabernak », transparaissent des échanges entre les parents d’intention et les mères porteuses.
La GPA canadienne y est présentée comme tout à fait altruiste. L’absence de compensation des mères porteuses devenant même un argument en faveur de ce projet de GPA lors du dîner de famille.
Pourtant, la compensation des femmes porteuses canadiennes (sous forme de remboursements avec preuves à l’appui de nombreuses dépenses) est une réalité. Une réalité sur lequel GPA USA se penche.
De manière générale, si les sacrifices financiers des parents d’intention sont évoqués (l’assurance-vie de la future grand-mère débloquée, ou le tracteur non remplaçé), le téléspectateur ne sait pas à la fin combien auront coûté ces parcours de GPA? Il s’agit là des premières questions qui ont été posée à la grand-mère devenue pro-GPA de mon fils après la diffusion du téléfilm. Alors, pour lever cette pudeur toute hexagonale, vous pouvez découvrir ici, le coût d’une GPA américaine !