Edouard et Mathieu sont un couple de garçons français. Désirant faire famille et avoir des enfants, ils se sont tournés naturellement vers la gestation pour autrui aux États-Unis. Pourtant, ils ont du traverser de nombreuses épreuves avant que ce rêve devienne réalité. Retour sur une épopée
Edouard et Matthieu
Choisir une donneuse d’ovocytes
Le début de notre parcours de GPA a été hyper rapide. Nous avons choisi une agence et nous nous sommes mis d’accord sur une donneuse d’ovocyte. On a pris chacun notre ordinateur, et on a cherché séparément sur la base de données. On s’est dit qu’on sélectionnait les profils les plus compatibles avec nous. Puis, on s’est concertés, tous les deux et il s’est avéré que dans nos choix personnels de donneuses d’ovocytes potentielles, on en avait une en commun. C’était elle !
Au début, il y a un petit côté Miss France. On souhaitait choisir une personne qui nous ressemble, qui ait l’air simple et qui soit – quand même aussi – un petit peu jolie. C’était important qu’elle ait le même mode de vie que nous, qu’elle aime voyager, qu’elle soit sportive, qu’elle lise, qu’elle soit en quelque sorte une personne avec qui on arriverait à se retrouver. Comme Mathieu est infirmier, il a aussi beaucoup regardé le dossier médical.
On a classé par ordre de préférence trois profils. Les retours de l’agence sur notre premier choix étaienttrès positifs alors que pour nos deux autres choix, il y aurait eu des problèmes. Dans le premier cas, la donneuse potentielle était porteuse d’un gène problématique et dans le deuxième cas, elle n’aurait plus été dans la bonne tranche d’âge pour effectuer une ponction. Le risque par rapport à ces choix secondaires aurait été que la clinique nous les refuse.
Ce choix a été rapide. En une soirée, c’était décidé ! Une fois sélectionnée, vous ne pouvez pas garder la donneuse 107 ans. Tout a commencé en février 2018. En avril, nous étions déjà sur place pour le don de sperme.
Tout convergeait vers Sarasota
La clinique, l’agence, et même la donneuse étaient situées en Floride. Pour la donneuse, c’est un vrai hasard car l’information de son le lieu de résidence n’est pas intégrée sur la base de données. Pour la mère porteuse, notre choix de départ était vraiment qu’elle habite en Floride.
On a pu rencontrer notre donneuse d’ovocytes, faire des photos avec elle, discuter. Cela nous a confirmé que c’était un très bon choix pour nous. On a aussi pu rencontrer Maxime, notre coordinateur, avec qui dès le début on a eu un excellent feeling. Et pour l’anecdote, on a commencé notre projet à l’autre bout des Etats-Unis avec Maxime et on l’a terminé avec lui.
Montagnes russes
Notre première agence fonctionnait un peu profil par profil. Nous avons mis longtemps à trouver celle qui finalement est devenue notre mère porteuse. On nous a présenté beaucoup de profils. C’était les montagnes russes. On se projetait psychologiquement dans chaque rencontre et ça tombait à l’eau. On montait, on descendait. Bref, on était loin. Il y avait le décalage horaire. C’était peut-être la faute à pas de chance, mais c’était compliqué.
Au total, nous sommes passés quatre fois par ces processus de sélection de mères porteuses avec cette première agence. Dans le premier et le deuxième cas, toutes les deux sont tombées enceintes de leurs conjoints. Pour le troisième profil, son dossier n’a pas été accepté pour des raisons médicales. Dans le cas du quatrième profil, des problèmes personnels et familiaux sont venus remettre en cause son projet de GPA. Le suivi de ce match a été très long et éprouvant. Le COVID est arrivé avec son lot de complications. A la fin, nous nous sommes aperçus qu’il y avait de gros disfonctionnements dans la façon dont l’agence avait traité cette rencontre. Ça nous a abattu. Toutes ces procédures prennent du temps, et à chaque fois, on repousse l’échéance de devenir papas de six mois ou plus. Nous avons commencé en juillet 2018. Ce quatrième profil ne nous a été présenté qu’en septembre 2019 et son épilogue n’est arrivé qu’en juin 2020. Deux ans.
Le destin se débloque enfin
Avec cette première agence, il y avait des problèmes de communication et de sélection des femmes porteuses évidents. Nous avons pris la décision d’en changer. C’était un risque à prendre. Nous sommes contents de l’avoir pris, car tout s’est débloqué.
Nous sommes rentrés en contact avec notre nouvelle agence, via la mère porteuse d’un couple d’amis qui avait (aussi) travaillé pour cette première agence. Dès lors, nous n’avons plus hésité à poser beaucoup de questions. On s’est aussi renseignés. Notre avocat connaissait déjà un client qui travaillait pour cette nouvelle agence. L’agence semblait être sérieuse. Donc, on s’est embarqués. La relation avec l’agence était totalement différente. Le versement du premier acompte s’effectuait après le match avec la mère porteuse. Tout était beaucoup carré, plus net. Ils nous ont dès le départ proposé au départ plusieurs profils. Notre attitude avait aussi évolué. Nous étions beaucoup plus sélectifs dans nos critères, mais nous avons également revu notre copie, en considérant, par exemple, le profil de mères porteuses expérimentées.
Surtout, la communication était beaucoup plus simple. C’est très important, surtout quand on est loin. Quand ils étaient en vacances, ils répondaient quand même. Avec la première agence, quand on était dans l’attente d’une réponse importante, on en arrivait à des nuits entières sans dormir, à regarder non-stop nos e-mails car on savait que c’était le jour chez eux.
Et pour la petite histoire, dans cette nouvelle agence, Surrogate First, on a retrouvé Maxime, notre premier coordinateur avec qui on a toujours eu une excellente relation et un très bon feeling. On a fait une visio. On a pu lui raconter toutes ces étapes infructueuses et compliquées. Ça a eu pour effet de nous guérir, ça nous a permis de tourner la page.
Un lien très puissant
Un lien très puissant s’est établi avec notre mère porteuse rencontrée avec cette deuxième agence. Après le match, c’est elle qui est venue nous parler, nous demander si on voulait créer un groupe Messenger. Nous sommes devenus pros de la traduction. Messenger, ça donne un côté rapide, instantané. Au final, nous avons fait peu de visios, mais les contacts étaient très suivis. C’est comme ça que s’est installé notre relation pendant la grossesse.
Elle souhaitait partager son parcours de mère porteuse sur les réseaux sociaux, ce qu’elle a fait en prenant bien soin de demander à chaque fois notre accord avant et sans nous citer. Et elle expliquait tout. Elle filmait les échographies. Elle nous envoyait les photos. Même si on n’était pas à côté, on n’a rien loupé des étapes de la grossesse.
La naissance de notre fille a été déclenchée. L’attente a été longue. La clinique nous a même préparé une petite chambre avant la naissance pour qu’on puisse se reposer. Puis, soudain, on a toqué à la porte. C’était le moment. Tout a été rapide, on n’a pas trop eu temps de réaliser. Rien n’était prévu, mais tout s’est fait naturellement, couper le cordon, le peau-à-peau, le premier lait…
On a vraiment développé un lien exceptionnel avec notre mère porteuse, elle a toujours été là pour nous, nous a toujours aidé, surtout quand nous sommes arrivés aux Etats-Unis. Exceptionnel. On espère qu’elle viendra vite en France.
Enfin à la maison
Lors de notre vol retour, la compagnie aérienne avait mal effectué la réservation et nous avons dû nous enregistrer à chaque vol, et rester à chaque guichet d’enregistrement deux heures pour dénouer ce problème. Mais une fois dans l’avion à Paris, on s’est dit que c’était bon, qu’une fois arrivés à Charles de Gaulle, on pourrait toujours prendre un train pour rentrer chez nous !