
Mères porteuses : motivations, parcours et réalités de la gestation pour autrui
Introduction
Les mères porteuses occupent une place centrale dans la gestation pour autrui (GPA), un sujet à la fois médical, éthique et sociétal. Comprendre leurs motivations, leur expérience pendant la grossesse et leurs relations avec les parents d’intention est essentiel pour appréhender les enjeux de la GPA. Cette synthèse reprend les résultats d’études publiées au cours de la dernière décennie dans différents contextes culturels et juridiques. Elle met en lumière les réalités vécues par les mères porteuses et les futurs parents, ainsi que les défis sociaux et légaux auxquels ils sont confrontés.
Motivations des parents d’intention
Les raisons pour lesquelles les futurs parents ont recours à la gestation pour autrui (GPA) incluent les tentatives infructueuses de conception naturelle ou assistée, le désir d’avoir un enfant génétiquement apparenté, l’inéligibilité à l’adoption, le désir d’élever un enfant dès sa naissance, et la perception du processus comme plus facile que adoption. Voir aussi le coût de la gestation pour autrui aux États-Unis.
Sources d’information
Les futurs parents ont obtenu des informations sur la gestation pour autrui (GPA) à partir de sources multiples, comme des forums en ligne, des agences de maternité de substitution et en discutant avec d’autres futurs parents. Les futurs pères au Canada ont été confrontés à un manque de ressources inclusives pour les personnes de même sexe.
Choix de la destination
Les futurs parents ont eu recours à la maternité de substitution internationale parce que les accords étaient interdits dans leur pays d’origine, que l’accès était limité aux couples hétérosexuels, qu’ils n’étaient pas en mesure de trouver une mère porteuse altruiste, que l’accord était inapplicable et parce que les accords internationaux offraient un certain degré de confidentialité. Pour le contexte américain, consulter les États autorisant la GPA aux États-Unis.
Soutien social des parents d’intention
La réaction que les futurs parents ont reçue de la part de leurs amis et des membres de leur famille à leur décision de recourir à la maternité de substitution variait considérablement d’une étude à l’autre. Trois études menées auprès de futurs parents d’Australie, du Canada et des États-Unis ont rapporté que la plupart des participants ont reçu des réactions encourageantes, tandis qu’une étude multinationale a rapporté que les futurs parents ont reçu peu de soutien de la part de leurs amis et de leur famille en raison des perceptions publiques négatives de la gestation pour autrui (GPA). À lire également : GPA et homoparentalité.

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Motivations pour devenir mère porteuse
Les raisons pour lesquelles elles sont devenues une mère porteuse commerciale ou altruiste comprenaient le désir de revivre une grossesse et le désir d’aider les gens à surmonter l’infertilité. Les femmes porteuses commerciales en Inde, en Iran et aux États-Unis étaient également motivées par la capacité de soutenir financièrement leur propre famille. Les femmes porteuses qui ont subi plusieurs arrangements étaient principalement motivées par le désir d’aider les couples à avoir un frère ou une sœur pour un enfant existant. Voir aussi : trouver une mère porteuse.
Décision et information des mères porteuses
Pour les gestatrices aux États-Unis et au Canada, la décision a été facilitée par le fait de connaître quelqu’un qui avait connu l’infertilité, de connaître quelqu’un qui avait été femme gestante et la visibilité des mères porteuses en ligne. Les mères porteuses en Inde, cependant, ont déclaré avoir été approchées par des agents de maternité de substitution et avoir entendu parler de la GPA par des amis et de la famille.
Soutien social des mères porteuses
Certains maris de mères porteuses étaient initialement inquiets de la décision de leur femme. Les mères porteuses ont pu convaincre leurs maris en expliquant qu’aucune relation extraconjugale n’aurait lieu ; qu’elles ne seraient pas génétiquement liées à l’enfant qu’elles porteraient ; et qu’elles recevraient une récompense financière. Certains maris de mères porteuses considéraient la récompense financière que leur femme recevrait comme une menace à leur autorité au sein de la famille. Certaines mères porteuses ont révélé leur décision de devenir mère porteuse à des amis proches et à des membres de leur famille immédiate, car elles avaient besoin d’un soutien émotionnel et d’aide pour s’occuper de leur propre famille pendant la grossesse. De nombreuses mères porteuses ont gardé leur décision secrète pour éviter d’être perçues négativement en raison de la stigmatisation associée à la maternité de substitution, pour éviter les commentaires insensibles résultant d’idées fausses sociales et pour protéger la vie privée des futurs parents.
Relations pendant la grossesse – point de vue des parents d’intention
Les futurs parents qui ont eu recours à la maternité de substitution au Canada, en Grèce et aux États-Unis ont établi des relations positives avec leur mère porteuse, les décrivant parfois comme des membres de la famille. Dans les accords internationaux, les relations avec les mères porteuses dans ces pays ont été maintenues en leur rendant visite à leur domicile et en utilisant le courrier électronique, Skype et les messages texte. Les futurs parents qui ont eu recours à la maternité de substitution au Mexique, en Thaïlande et en Inde ont signalé un contact minimal avec la mère porteuse en raison de difficultés de communication. Les futurs parents qui ont eu recours à la maternité de substitution en Inde ressentaient de l’affection et de la reconnaissance envers leur mère porteuse et percevaient la maternité de substitution commerciale comme un processus mutuellement bénéfique puisque les mères porteuses recevaient une récompense financière.
Relations pendant la grossesse – point de vue des mères porteuses
La plupart des mères porteuses ont décrit une relation positive avec leurs futurs parents, qui s’est renforcée au fur et à mesure de la grossesse. Certaines cliniques en Inde et en Russie ont toutefois découragé les mères porteuses d’avoir des contacts avec les futurs parents. Les mères porteuses ont décrit leur lien avec les futurs parents de différentes manières. En Inde, les mères porteuses ont décrit leurs futures mères comme des sœurs aînées, tandis que les mères porteuses aux États-Unis et en Israël ont décrit leurs futurs parents comme des personnes avec lesquelles elles avaient une alchimie et une relation intime.
Implication des parents d’intention dans la grossesse
Certains parents d’intention dans des accords internationaux ont décrit une perte de contrôle perçue sur la grossesse. La distance géographique de la mère porteuse a empêché les parents d’intention de développer un sentiment d’identité parentale et de se connecter émotionnellement à leur enfant. Les parents d’intention ont utilisé diverses stratégies pour surmonter cette distance, comme établir un contact régulier avec la mère porteuse, collecter des souvenirs de la grossesse, porter un faux ventre de grossesse et partager de la musique et des enregistrements audio de leur voix avec la mère porteuse pour qu’elle les fasse écouter au bébé pendant la grossesse. Dans une étude quantitative menée auprès de futurs parents résidant au Royaume-Uni, ceux qui ont eu recours à une maternité de substitution dans leur pays ou aux États-Unis étaient plus susceptibles de se sentir impliqués dans la grossesse que ceux qui ont eu recours à une maternité de substitution en Inde ou en Thaïlande.
Défis émotionnels des mères porteuses
Certaines mères porteuses s’inquiétaient de la santé de l’enfant en développement et ont fait état d’un sentiment d’énorme responsabilité quant à un résultat réussi, car il s’agissait très probablement de la dernière chance pour le parent d’intention d’avoir un enfant. En Inde, les mères porteuses étaient confinées dans un logement fourni par la clinique tout au long de la grossesse. Cela a causé de la détresse car elles étaient séparées de leur famille. Pour certaines mères porteuses, vivre loin de leur communauté était perçu positivement car cela les protégeait de la stigmatisation. Une étude quantitative mesurant le bien-être psychologique des mères porteuses en Inde a révélé que les mères porteuses présentaient des niveaux de dépression plus élevés qu’un groupe témoin de femmes enceintes.
Défis physiques des mères porteuses
Les mères porteuses ont connu des défis physiques, tels que des complications de grossesse, des douleurs physiques et des effets secondaires négatifs des injections d’hormones nécessaires à la procédure de transfert d’embryons. Les mères porteuses en Inde ont été soumises à des procédures médicales sur lesquelles elles n’avaient pas leur mot à dire, telles que la réduction fœtale et les césariennes.
Abandon de l’enfant
Aux États-Unis, au Canada, en Israël et en Iran, les mères porteuses ne considéraient pas l’enfant qu’elles avaient porté comme le leur car elles n’assimilaient pas l’acte de gestation à la parentalité. Au lieu de cela, l’intention d’avoir l’enfant, le fait d’être génétiquement lié à l’enfant et l’éducation de l’enfant étaient reconnus comme les caractéristiques de la parentalité. Les mères porteuses des États-Unis, de Grèce et du Canada ont signalé quelques problèmes de renonciation. Des études en Inde ont fait état d’une situation plus compliquée. Certaines études ont indiqué que les mères porteuses ne considéraient pas l’enfant comme le leur et avaient peu de problèmes avec l’abandon, tandis que d’autres ont signalé que les mères porteuses avaient des revendications sur l’enfant en raison du travail impliqué dans la gestation. De plus, certaines mères porteuses en Inde ont développé des sentiments d’attachement au bébé lorsqu’elles ont dû s’occuper de l’enfant après la naissance parce que les futurs parents sont arrivés tard dans le pays, les futurs parents voulaient que l’enfant soit allaité ou les futurs parents voulaient une nounou à temps plein pendant leur séjour en Inde.
Défis juridiques après la maternité de substitution internationale
Les futurs parents ont trouvé le processus d’obtention de la citoyenneté et de la parentalité légale pour leur enfant né dans le cadre d’un accord international stressant et frustrant. Les futurs parents qui étaient tenus d’adopter leur enfant pour être légalement reconnus comme parent de leur enfant se sont sentis injustement traités. Les futurs parents en Inde n’ont pas reçu d’informations complètes de la part des cliniques sur les coûts supplémentaires qu’ils encourraient après l’accouchement et ont ensuite été confrontés à des frais inattendus liés à la césarienne de la mère porteuse, au traitement néonatal et à l’obtention des documents officiels requis pour quitter le pays. Pour l’accompagnement juridique, voir conseils juridiques GPA USA.
Désir d’une relation durable – point de vue des parents d’intention
De nombreux parents d’intention souhaitaient un contact continu avec la mère porteuse ; cependant, la fréquence des contacts a diminué après la naissance. Les parents d’intention au Royaume-Uni qui ont eu recours à une maternité de substitution dans leur pays ou aux États-Unis étaient plus susceptibles de prévoir un contact continu avec la mère porteuse que ceux qui ont eu recours à une maternité de substitution en Asie. Certains parents d’intention en Inde n’ont pas maintenu de contact avec la mère porteuse car ils craignaient qu’elle ne change d’avis.
Désir d’une relation durable – point de vue des mères porteuses
Pour les mères porteuses, les contacts avec les parents d’intention ont généralement diminué après la naissance, et elles ont tenté de faire preuve de retenue dans la fréquence des contacts pour respecter la transition du parent d’intention vers la parentalité. De nombreuses mères porteuses espéraient développer une relation à long terme avec leurs parents d’intention et se sont senties déçues ou trahies si les parents d’intention coupaient le contact après la naissance.
Expérience globale
Les mères porteuses se sont inspirées de métaphores religieuses et spirituelles pour construire la maternité de substitution comme une vocation personnelle pour aider les gens à créer une famille ou pour gagner de l’argent pour subvenir aux besoins de leur propre famille, et ont considéré leur parcours comme une expérience positive et enrichissante. Aucune différence de satisfaction n’a été signalée entre les mères porteuses gestationnelles et traditionnelles. Dans l’ensemble, les futurs parents étaient satisfaits de leur décision de recourir à la maternité de substitution. Pour la dimension budgétaire, voir financer une GPA.
Conclusions
La gestation pour autrui peut être une expérience positive et enrichissante pour les mères porteuses et les parents d’intention, mais certains participants peuvent également être confrontés à des défis sociaux et juridiques. Dépasser la dichotomie altruiste-commerciale pourrait permettre aux juridictions d’adopter des politiques répondant adéquatement à la demande de maternité de substitution. Enfin, des recommandations de bonnes pratiques peuvent aider les cliniques à proposer des services de maternité de substitution internationaux qui minimisent les risques de préjudice physique et psychologique pour les personnes qui y ont recours.
Pour aller plus loin
- PMC – Surrogacy: Experiences of Surrogates and Intended Parents
- ScienceDirect – The Future of Surrogacy: A Review of Current Global Trends
- Human Reproduction – Ethical considerations on surrogacy
- RBMO Journal – Experiences of Surrogates and Intended Parents
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